Impact de la crise sanitaire de COVID-19 sur l'activité d'assistance médicale à la procréation en France

INTRODUCTION: Face au COVID-19, les sociétés américaine et européenne de reproduction humaine ont d'abord recommandé de suspendre l'assistance médicale à la procréation (AMP). Mais dès juillet 2020, elles ont préconisé la reprise de l'AMP durant la future vague, soulignant l'urgence de ces traitements face à l'importante baisse des succès avec l’âge. Cependant, les hôpitaux, très mobilisés par le COVID-19, pourraient avoir eu des difficultés à mener leur activité d'AMP, en particulier les hôpitaux publics. Notre objectif était de mesurer l'impact de la crise sanitaire de 2020 sur l'activité d'AMP dans les hôpitaux publics et privés en France. MÉTHODES: À partir des données du Système national de données de santé (SNDS), 40 759 patientes ayant eu au moins une ponction ovocytaire en 2020 ont été sélectionnées. Un groupe de comparaison a été constitué à partir des 52 406 patientes ayant eu au moins une ponction ovocytaire en 2019. Les variations hebdomadaires d'activité d'AMP en 2020 et 2019 ont été estimées par le nombre de ponctions ovocytaires durant la semaine, rapporté au nombre hebdomadaire moyen de ponctions de 2019 (hors périodes de creux d'activité de Noël et d’été). RÉSULTATS: En 2020, l'activité d'AMP a chuté de près de 30 % par rapport à 2019, en particulier du fait d'une activité nulle durant le premier confinement (de la mi-mars à la mi-mai 2020). À la sortie du premier confinement, les hôpitaux privés sont revenus à une activité normale en quatre semaines. Au contraire, les hôpitaux publics ont connu une reprise d'activité très partielle et étaient encore très en-dessous de leur activité normale au moment de la pause estivale. Le deuxième confinement à l'automne 2020 s'est traduit par une baisse d'activité d'AMP limitée, mais touchant davantage les hôpitaux publics. DISCUSSION/CONCLUSION: La mobilisation des hôpitaux publics sur la prise en charge du COVID-19 a impacté sa capacité à assurer d'autres soins, comme l'AMP. Il faudra explorer si cela a entraîné une augmentation des inégalités de santé.