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Quand la COVID-19 nous défrise

INTRODUCTION: L’effluvium télogène (ET) est la cause d’alopécie acquise diffuse la plus fréquente, qui résulte de l’arrêt précoce de la phase anagène des cheveux, couplé à l’accélération de la phase télogène. Une alopécie diffuse non cicatricielle apparaît en trois mois, suivie d’une amélioration sp...

Descripción completa

Detalles Bibliográficos
Autores principales: Giret, C., Journaud, M., Stankovic, K., Petrova, I., Lioger, B.
Formato: Online Artículo Texto
Lenguaje:English
Publicado: Published by Elsevier Masson SAS 2020
Materias:
Acceso en línea:https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10042078/
http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2020.10.288
Descripción
Sumario:INTRODUCTION: L’effluvium télogène (ET) est la cause d’alopécie acquise diffuse la plus fréquente, qui résulte de l’arrêt précoce de la phase anagène des cheveux, couplé à l’accélération de la phase télogène. Une alopécie diffuse non cicatricielle apparaît en trois mois, suivie d’une amélioration spontanée s’observant en six mois, bien que des formes chroniques soient rapportées. Les étiologies de l’ET sont la carence martiale, les dysthyroïdies, le post-partum, les médicaments et il semble favorisé par les émotions (stress). La pandémie de COVID-19 est une crise sanitaire majeure de part son envergure, sa médiatisation, ses conséquences sanitaires et médico-économiques. Les mesures préventives pour limiter la transmission du virus, notamment le confinement, ont été vécues comme un facteur de stress majeur responsable d’une augmentation des besoins de prise en charge en psychiatrie. Ainsi, nous décrivons le cas d’une patiente de 55 ans souffrant d’ET post-infection grave à COVID-19. OBSERVATION: Une patiente, âgée de 55 ans, aux antécédents d’obésité, de dyslipidémie, de diabète de type 2, de tabagisme actif, d’hypothyroïdie et d’asthme allergique était hospitalisée pour un bilan d’alopécie associées à des dysesthésies du cuir chevelu. Son traitement comportait budesonide formoterol, salbutamol, metformine et L-thyroxine. En avril 2020, elle était hospitalisée en réanimation pour une infection à SARS-COV, confirmée par PCR positive et un scanner thoracique retrouvant une atteinte modérée du parenchyme pulmonaire (25 %), nécessitant une intubation orotrachéale pendant 6 jours. Un traitement par hydroxychloroquine et azithromycine avait été instauré, puis arrêté compte tenu d’un allongement du QT à 48 heures, suivi d’un relais par méthylprednisolone pendant 3 jours, arrêté pour une colonisation pulmonaire à méningocoque traitée par tazocilline et cefotaxime. L’évolution avait été favorable avec une guérison complète. Fin juin 2020, la patiente constatait une perte importante de cheveux associée à des dysesthésies du cuir chevelu. L’examen clinique retrouvait une alopécie diffuse avec un respect des sourcils, pas d’alopécie androgénique et pas d’autres lésions dermatologiques. L’examen trichospcopique ne retrouvait pas de zone d’alopécie cicatricielle. Le bilan biologique était sans anomalie : notamment pas d’anémie, de syndrome inflammatoire, de dysthyroïdie (TSH 2,42 UI/L), de dysimmunité, d’insuffisance rénale ou hépatique et de carence nutritionnelle (ferritine 148 mg/L, folates 3,21 microgrammes/L, zinc 11,4 μmol/L [11–24]). Le terrain anxieux, le délai d’apparition (3 mois), la clinique, l’aspect en trichoscopie et l’absence de causes secondaires avaient conclu au diagnostic d’effluvium télogène post-COVID-19. Une supplémentation empirique par vitamine B12 et Zinc était initiée pendant un mois. DISCUSSION: Les manifestations dermatologiques de la COVID-19 ont principalement inclus des acrosyndromes, dont des engelures, des nécroses, des érythèmes maculopapulaires du visage, des lésions urticariennes et des dermites d’irritation, mais peu d’atteinte des phanères. Une plus grande incidence des alopécies androgéniques (signe de Grabin), résultant d’un hyperandrogénisme associée à une sensibilité à la COVID-19, a été rapportée dans les formes sévères [1] et n’était pas présente chez notre patiente. Par ailleurs, une enquête avec 563 web-questionnaire à propos des dermatoses « induite par le stress » dans le contexte du confinement retrouvait principalement un ET (27,9 %), suivi de dermatite séborrhéique (19,9 %) et d’alopecia areata du scalp (2,8 %) [2]. L’ET était plus fréquent chez les femmes. Dans notre observation, les médicaments (méthylprednisolone) pourraient favoriser l’ET. CONCLUSION: Au-delà du caractère anecdotique de cette première description d’ET post-COVID-19, qui reste une pathologie bénigne, notre observation souligne l’impact sanitaire anxiogène à moyen et long terme de la pandémie de COVID-19 qui pourrait engendrer une augmentation des consultations pour des pathologies inflammatoires ou fonctionnelles, éventuellement sous la forme d’état de stress post-traumatique.