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Beaucoup de bruit pour rien : Discordance entre les données historiques de l'efficacité antivirale de l'hydroxychloroquine, son évaluation dans les essais cliniques sur la Covid-19 et sa prescription en ambulatoire

INTRODUCTION: En mars 2020, différentes déclarations ont été émises rapportant l'intérêt potentiel, ou censément prouvé par des travaux antérieurs, de l'(hydroxy)chloroquine ((H)CQ) en cas d'infection par le SARS-CoV-2. Dans les semaines qui ont suivies, l'(H)CQ a figuré dans de...

Descripción completa

Detalles Bibliográficos
Autores principales: Vieux, N., Perrier, Q., Bedouch, P., Epaulard, O.
Formato: Online Artículo Texto
Lenguaje:English
Publicado: Published by Elsevier Masson SAS 2023
Materias:
Acceso en línea:https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10189003/
http://dx.doi.org/10.1016/j.mmifmc.2023.03.159
Descripción
Sumario:INTRODUCTION: En mars 2020, différentes déclarations ont été émises rapportant l'intérêt potentiel, ou censément prouvé par des travaux antérieurs, de l'(hydroxy)chloroquine ((H)CQ) en cas d'infection par le SARS-CoV-2. Dans les semaines qui ont suivies, l'(H)CQ a figuré dans de nombreux essais cliniques concernant la prévention ou le traitement de la Covid-19. En outre, les autorités sanitaires ont signalé un pic de la prescription ambulatoire d'HCQ en 2020 dans différents pays, comme la France. Par la suite, plusieurs ECR et méta-analyses n'ont pas mis en évidence d'effet de l'HCQ dans l'infection par le SRAS-CoV-2. Cela questionne la pertinence des décisions ayant conduit en 2020 à étudier ou prescrire l'(H)CQ. OBJECTIF: Juxtaposer d'une part l'état de la science avant avril 2020 concernant les bénéfices de l'(H)CQ dans les infections virales, et d'autre part le nombre et la taille des essais cliniques les impliquant et le volume délivré en France de ces molécules. MATÉRIELS ET MÉTHODES: Nous avons identifié l'ensemble des articles publiés avant le 1er avril 2020, rapportant des études de l'effet antiviral (sur les coronavirus ou autres virus) de l'(H)CQ 1) in vitro, 2) en modèle animal, et 3) lors d'essais cliniques. Par ailleurs, nous avons identifié l'ensemble des essais cliniques décrits sur clinicaltrial.gov utilisant l'(H)CQ pour le traitement ou la prévention de l'infection par le SARS-CoV-2, et analysé le nombre prévu de patients. Enfin, nous avons analysé les données de dispensation ambulatoire de la CQ et de l'HCQ pour les années 2015 à 2021, obtenues à partir de la base de données de l'Assurance Maladie. RÉSULTATS: Avant avril 2020, 894 publications scientifiques mentionnant l'(H)CQ et les infections virales (autre que sur les coronavirus) avaient été publiées; 35 études in vitro rapportaient des effets antiviraux de diverses natures et intensités, généralement avec des concentrations supérieures à celles observées chez l'humain lors d'usages habituels, 11 études précliniques et 15 essais cliniques rapportaient un effet antiviral absent pour la majorité, et très limité et discutable dans une minorité. Avant cette même date, 67 publications mentionnant l'(H)CQ et les infections à coronavirus avaient été publiées dont 12 études in vitro (rapportant le même type de résultats), 2 études précliniques (rapportant des effets très douteux), et aucun essai clinique. Par ailleurs, au total, 253 essais cliniques comportant un bras CQ ou HCQ ont été enregistrés, prévoyant de recruter 284 609 patients. Enfin, une augmentation de 63% (95 972 boites en moyenne en 2019, 156 581 en mars 2020) de la dispensation française d'HCQ a été observée en mars 2020. CONCLUSION: La littérature disponible avant avril 2020 n'apportait pas de niveau de preuve manifeste de l'effet antiviral de la CQ ou de l'HCQ; il n'était donc pas justifié, dès cette date, d'ouvrir des essais aussi nombreux et aussi vastes pour tester ces molécules. Si une nouvelle pandémie survient, il est indispensable qu'une analyse de la conception et du financement des essais cliniques soit précocement réalisée afin d'éviter de telles allocations inappropriées de l'effort de recherche. Aucun lien d'intérêt