Corrélation anatomoclinique de l’atteinte rénale de la COVID-19

INTRODUCTION: Une atteinte rénale, tubulaire et/ou glomérulaire, a été suggérée dans le cadre de la COVID-19, nouvelle entité causée par le coronavirus SARS-CoV-2. Cependant, l’aspect histologique de cette néphropathie est peu documenté. DESCRIPTION: Entre le 30 mars 2020 et le 4 juin 2020, nous avons réalisé systématiquement une biopsie rénale post-mortem chez tout patient décédé dans le cadre d’une COVID-19 en salle d’hospitalisation ou aux soins intensifs. MÉTHODES: Notre étude se focalise sur la corrélation anatomoclinique de l’atteinte rénale de la COVID-19. RÉSULTATS: L’âge moyen de notre population (n = 16) est de 68,2 ± 12,8 ans avec une prédominance masculine (68,7 %). L’indice de masse corporelle moyen est de 30,7 ± 6,1 kg/m(2). L’hypertension, le diabète et l’insuffisance rénale chronique sont respectivement présents dans 62,5 %, 56,3 % et 42,9 % des patients. La durée médiane d’hospitalisation avant le décès est de 14 jours [7,5 ; 25,5]. Les biopsies rénales ont été effectuées aux soins intensifs dans 62,5 % des cas. La prévalence de l’insuffisance rénale aiguë est de ∼50 % des cas, avec 53,3 % des patients présentant à l’admission une protéinurie > 500 mg/g de créatinine urinaire (Tableau 1). Les analyses histologiques démontrent en microscopie optique, une nécrose tubulaire aiguë de sévérité légère (70 % des cas) sans inclusion virale objectivée, et l’absence d’un infiltrat interstitiel ou de tubulite. Une congestion capillaire glomérulaire et péri-tubulaire est objectivée dans respectivement 53,3 % et 80 % des cas. La microscopie électronique chez un patient montre des images compatibles avec la présence d’inclusions virales dans le cytoplasme des cellules endothéliales des capillaires glomérulaires (en cours de confirmation par immunogold). CONCLUSION: L’analyse histologique rénale post-mortem de patients atteints de la COVID-19 montre principalement des lésions tubulaires sans lésion glomérulaire significative malgré la présence d’une atteinte rénale biologique ou urinaire dans ∼50 % des cas. Une corrélation anatomoclinique est essentielle pour évaluer l’atteinte rénale directe ou non par le virus.