Protéinurie chez les patients atteints de la COVID-19 : prévalence, caractérisation et rôle pronostique

INTRODUCTION: La protéinurie serait fréquente chez les patients atteints de la COVID-19, ce qui suggère une atteinte rénale liée à cette infection. Cependant, ces résultats proviennent de l’analyse de bandelettes urinaires. DESCRIPTION: Nous quantifions et caractérisons la protéinurie et nous investiguons son association potentielle avec la mortalité. MÉTHODES: Cette étude rétrospective, observationnelle et monocentrique inclut 153 patients atteints de la COVID-19 (PCR + ) hospitalisés entre le 28 mars et le 30 avril 2020 et ayant bénéficié d’une quantification systématique de leur protéinurie totale ainsi que d’un dosage de l’α1-microglobuline urinaire. Nous testons l’association entre ces paramètres urinaires et la mortalité (fin du suivi en date du 7 mai 2020). RÉSULTATS: Selon la classification KDIGO, 14 % (n = 21) des patients avaient une protéinurie normale ou de stade 1 (< 150 mg/g de créatinine urinaire), 42 % (n = 64) une protéinurie de stade 2 (entre 150 et 500 mg/g) et 44 % (n = 68) une protéinurie de stade 3 (> 500 mg/g). La concentration urinaire en α1-microglobuline était supérieure à 10 et 15 mg/g de créatinine urinaire chez 94 % et 89 % des patients, respectivement. Après un suivi médian de 27 [14 ; 30] jours, le taux de mortalité était de 18 %. La protéinurie totale et l’α1-microglobuline urinaire (en tant que variables continues et/ou catégorielles) sont associées à la mortalité dans les modèles non ajustés (courbes de survie selon Kaplan–Meier en Fig. 1) et ajustés. Cette association est encore plus significative dans les sous-groupes de patients avec une fonction rénale initialement normale ou sans sondage urinaire durant l’hospitalisation. CONCLUSION: La protéinurie est fréquente chez les patients atteints de la COVID-19. Sa caractérisation suggère une atteinte préférentiellement tubulaire. Les protéinuries totale et tubulaire sont associées à la mortalité.