Impact de la COVID-19 chez les patients psoriasiques traités par biothérapies en zone d’exposition à haut risque (Franche-Comté)

INTRODUCTION: Le 11 mars 2020, la Franche-Comté a été incluse dans les zones à haut risque d’exposition (zone rouge) pour la COVID-19. Les recommandations de la filière des maladies auto-immunes et auto-inflammatoires rares proposant la poursuite des traitements biologiques ont été adressées à tous nos patients psoriasiques. Nous avons souhaité évaluer l’impact de l’épidémie de SARS-CoV-2 chez ces patients. MATÉRIEL ET MÉTHODES: Tous les patients ont été contactés par téléphone entre le 1(er) et le 10 juin 2020 et interrogés sur leurs symptômes cliniques éventuellement apparus depuis le 11 mars 2020. RÉSULTATS: Quatre cent quatre-vingt-cinq patients psoriasiques traités par biothérapies ont été interrogés. L’âge moyen des patients était de 54,5 ans ± 10 et 320 (66 %) étaient de sexe masculin. Parmi ces 485 patients, 219 (45 %) étaient traités par anti-TNF, 118 (24 %) par anti-IL-17 et 148 (31 %) par anti-IL-12/IL-23. Vingt-six patients (5 %) déclaraient avoir interrompu le traitement biologique malgré la connaissance des recommandations. En termes de comorbidité, 107 patients (22 %) présentaient une hypertension artérielle traitée, 44 (9 %) étaient traités pour un diabète, 107 (22 %) avaient un IMC > 30 kg/m(2) et 138 (28 %) déclaraient un tabagisme actif. Des symptômes potentiellement en lien avec la COVID-19 (syndrome pseudo-grippal, toux, anosmie, etc.) étaient rapportés par 30 patients (6 %), et seul un patient déclarait un prélèvement nasal positif en PCR. Aucune hospitalisation n’était signalée. Une poussée de psoriasis était déclarée par 15 patients (3 %). DISCUSSION: Le 9 juin 2020, la France déclarait 154 188 cas de COVID-19, 102 729 patients hospitalisés et 29 209 décès. Les taux les plus élevés de décès étaient observés dans le nord est de la France (régions Grand-Est et Franche-Comté) et en Île-de-France. La Franche-Comté déclarait 845 décès liés à la COVID-19 (IR = 2,4 pour 10 000 habitants/mois) versus 0 chez nos patients psoriasiques traités par biothérapies. Malgré le caractère rétrospectif de cette étude, nos résultats confirment les observations italiennes en Lombardie, également zone d’exposition à haut risque, ne montrant pas de sur-risque d’infection par le SARS-CoV-2 chez les patients psoriasiques sous biothérapies. Il est cependant possible que ces patients bien informés des risques de contamination aient adopté des mesures de confinement et d’hygiène plus strictes que la population générale. Enfin, l’effet protecteur des biothérapies a également été suggéré.