Prévalence et impact de la réduction de la fonction musculaire chez les patients pris en charge pour une infection par la Covid-19 dans une unité d’hospitalisation conventionnelle

INTRODUCTION ET BUT DE L’ÉTUDE: La dénutrition est fréquente en cas d’infection par la COVID-19 en sortie de soins intensifs mais aussi dès le début de sa prise en charge hospitalière. La SFNCM a alerté sur la nécessité du dépistage de la dénutrition et de sa prise en charge précoce malgré les difficultés logistiques liées à la crise sanitaire. Confrontés à la réalité du terrain et la difficulté à obtenir la pesée des patients dans les unités d’hospitalisation conventionnelle dédiées, nous avons donc évalué la force musculaire. Le but de cette étude était d’évaluer la prévalence et l’impact de la diminution de la fonction musculaire sur le devenir des patients atteints par la COVID-19 dans ces unités. MATÉRIEL ET MÉTHODES: Il s’agit d’une étude observationnelle monocentrique prospective. Tous les patients hospitalisés pour infection par la COVID-19 dans une unité conventionnelle ayant une mesure de la force de préhension par dynanomètre au cours des premiers jours d’hospitalisation ont été inclus. Les seuils pour conclure à une réduction de la fonction musculaire étaient ≤ 20 kg pour les femmes et ≤ 30 kg pour les hommes. Les ingesta étaient évalués par le score SEFI (Simple Evaluation of Food Intake). Des données de devenir ont été analysées. Les résultats quantitatifs sont rapportés en moyennes ± écart-type. Les patients étaient comparés en analyse univariée. La survie et la durée de séjour hospitalier moyennes étaient évaluées par une analyse de survie (Kaplan-Meier et régression de Cox). RÉSULTATS ET ANALYSE STATISTIQUE: 70 patients ont été inclus (âge moyen = 64 ± 16 ans, indice de masse corporel (IMC) moyen habituel= 29 ± 5 kg/m(2)). Les données concernant la perte pondérale étaient relevées chez 45 patients. La valeur moyenne de la mesure de la force de préhension était 14 ± 8 kg pour les femmes et 25 ± 10 kg pour les hommes. En considérant ce seul paramètre, 54 patients (77 %) étaient dénutris. Le SEFI moyen était 5 ± 3. La durée d’hospitalisation moyenne était 12,6 ± 3,1 jours. Âge, sexe féminin et taille et le poids étaient significativement associés à la réduction de la force musculaire. Les patients avec une force musculaire réduite avaient une durée d’hospitalisation significativement plus longue (14,7 ± 3,8 jours vs 4,1 ± 3,8 jours, p = 0,002), et une tendance à une surmortalité (9 % vs 0 %, p = 0,58). Après ajustement sur l’âge, le sexe, la taille et le poids, la réduction de la force musculaire était un facteur de risque indépendant de durée d’hospitalisation (hazard ratio : 2,6, IC95 % = 1,0–6,5, p = 0,04). La valeur moyenne de force de préhension était corrélée à l’âge, le sexe, la taille et le poids. CONCLUSION: Plus de 3 patients sur 4 hospitalisés en unité conventionnelle pour COVID-19 ont une dénutrition qui a pu être évaluée par la force de préhension. Cet examen simple permet de repérer facilement les patients à haut risque de complications. Son dépistage devrait être systématique et conduire à des actions précoces pour limiter son aggravation au cours de l’hospitalisation (Tableau 1).