Hospitalisations pour tentative de suicide pendant les premiers mois de la pandémie de COVID-19, étude observationnelle à partir des bases du PMSI-MCO

INTRODUCTION: L'impact de l’épidémie de COVID-19 sur la santé mentale et notamment sur les comportements suicidaires a donné lieu à de nombreuses spéculations. Si la situation sanitaire a pu être jugée dépressogène ou anxiogène, différentes études internationales n'ont pas conclu à une augmentation des hospitalisations pour tentative de suicide (TS) au cours des premiers mois de la pandémie. Cette étude décrit l’évolution des hospitalisations pour TS en France. MÉTHODES: Les hospitalisations pour TS ont été identifiées grâce aux codes CIM-10 d'automutilation (X60 à X84) du 1(er) janvier au 31 août 2020. Les dénombrements par mois, sexe et classes d’âge ont été comparés à ceux observés en 2017-2019. Les différences entre les années ont été analysées à l'aide de régressions de Poisson et de Cox et de tests de Student. RÉSULTATS: Nous avons dénombré 53 583 hospitalisations pour TS en France de janvier à août 2020. Par rapport à la même période en 2019, cela représente une diminution de 8,5 % (RR=0,91 [0,90-0,93]). Cette baisse a commencé dès la première semaine de confinement et s'est poursuivie jusqu'à fin août. La diminution a été observée chez les femmes (RR=0,90 [0,88-0,92]), les hommes (RR=0,94 [0,91-0,95]), et dans tous les groupes d'âge, sauf chez les 65 ans et plus. Une augmentation des modes de passage à l'acte violents a été constatée (arme à feu, saut dans le vide). Les hospitalisations en soins intensifs et la mortalité hospitalière ont également augmenté. DISCUSSION/CONCLUSION: Nous avons observé une diminution des hospitalisations pour TS durant les premiers mois de 2020. Il n'est cependant pas clair si cela reflète une baisse des comportements suicidaires ou un recours plus faible aux services hospitaliers en raison de la peur de la contamination ou de la fermeture de lits. Le maintien des efforts de prévention du suicide et des soins habituels, ainsi qu'un suivi constant et en temps réel des statistiques d'automutilation en temps de pandémie relèvent d'une importance majeure.