Impact de l’épidémie COVID-19 sur l'utilisation des contraceptifs en France en 2020 et jusqu'en avril 2021

INTRODUCTION: Des difficultés d'accès aux services de santé sexuelle ont été rapportées dans le monde entier pendant l’épidémie de COVID-19. En France, les trois confinements ainsi que les couvre-feux ont pu modifier l'accès aux contraceptifs et leur utilisation. MÉTHODES: Nous avons mené une étude observationnelle nationale grâce aux données de remboursement du Système national des données de santé (SNDS), qui couvre 99,5 % de la population française. Nous avons extrait le nombre de délivrances de contraception orale (CO, progestatifs et contraception oestroprogestative remboursée), de contraception d'urgence (CU), de dispositifs intra-utérins en cuivre (DIU-C) et hormonaux (DIU-H) et d'implants contraceptifs en 2018, 2019, 2020 et au premier quadrimestre de 2021. Nous avons calculé les nombres attendus de consommation de chacune de ces contraceptions en 2020 et 2021, en se basant sur les utilisations de 2018 et 2019, et en tenant compte des jours fériés et des tendances annuelles de consommations. Nous avons comparé les chiffres observés et attendus par contraceptif et par âge d'utilisatrices (âge ≤ 25 ans, entre 25 et 35 ans, > à 35 ans). RÉSULTATS: L'usage des contraceptifs a diminué de façon globale par rapport à l'attendu après 15 mois de pandémie : -2,0 % pour la CO, -5,0 % pour la CU, -9,5 % pour les DIU-H, -8,6 % pour les DIU-C, et -16,4 % pour l'implant. La baisse d'utilisation a concerné majoritairement les femmes âgées de moins de 25 ans. Un phénomène de stockage de la CO a été observé au début des deux premiers confinements. DISCUSSION/CONCLUSION: Il existe une différence d'impact selon les contraceptifs, les degrés de restriction et les âges des consommatrices. La baisse d'utilisation des contraceptifs peut être expliquée partiellement par la baisse des interactions sociales notamment chez les plus jeunes. Même si les chiffres d'interruption volontaire de grossesse sont stables en 2020, l'accès à la contraception doit être une priorité de santé publique pour limiter l'impact de la pandémie sur le taux de grossesses non désirées