Analyse des consommations locales d'antibiotiques durant les trois premières vagues épidémiques de COVID-19 dans un hôpital de référence

INTRODUCTION: Au cours de l'épidémie à SARS-COV-2, les connaissances scientifiques sur la prévalence des co-infections bactériennes ont évolué et ont permis d'adapter les recommandations de prise en charge. L'objectif de ce travail était d'analyser et de comparer l'évolution des consommations d'antibiotiques et des résistances bactériennes de 2 services dédiés (le service de maladies infectieuses (SMI) (26 lits) et la réanimation (15 lits)) durant les trois premières vagues de l'épidémie. MATÉRIELS ET MÉTHODES: Pour les trois périodes suivantes : mars-avril 2020, octobre-novembre 2020 et mars-avril 2021, nous avons évalué les consommations d'antibiotiques, exprimées en doses définies journalières (DDJ) pour 1000 journées d'hospitalisation (JH) ainsi que les taux de résistance bactérienne à partir de prélèvements microbiologiques à visée diagnostique. Les données été éditées avec le détail par service, par antibiotique et famille d'antibiotiques à partir de logiciels spécifiques. Ces données ont été comparées à celles de l'année 2019, choisie comme période de référence. RÉSULTATS: Les consommations totales d'antibiotiques étaient respectivement de 696 (DDJ/1000JH) ; 652 et 620 pour la première, deuxième et troisième vague contre 505 en 2019. Pour le service de réanimation, les consommations globales étaient respectivement de 1382 ; 819 et 1108 vs 1052 en 2019. Pour le SMI, ils étaient 1083 ; 894 et 789 contre 1070 en 2019. La consommation totale de céphalosporines de troisième génération a été multipliée par quatre lors de la première vague (174 contre 43 en 2019) avant de revenir aux niveaux de référence lors de la deuxième et troisième vague. En réanimation, les consommations de carbapénèmes ont augmenté sur les trois vagues successives : respectivement 115 ; 148 et 194 vs 79 en 2019. Les taux de résistance de P. aeruginosa aux carbapénèmes ont également augmenté (33 %, 28 % et 37 % vs 19 % en 2019) tandis que les taux d'entérobactéries productrices de bêta-lactamases à spectre étendu (EB-BLSE) sont globalement restés stables (2,6/1000JH ; 4,1 et 3,6 vs 3,8 en 2019). CONCLUSION: Les consommations d'antibiotiques ont globalement augmenté au cours des 3 vagues de Covid par rapport à la période de référence, avec une augmentation significative en réanimation au début de l'épidémie. Au contraire, la consommation d'antibiotiques a diminué dans le SMI, montrant une adaptation des connaissances sur la faible incidence des coinfections lors de la pneumopathie Covid. L'augmentation des taux de résistance aux carbapénèmes avec la stabilité des EB-BLSE suggère une pression de sélection plutôt qu'une augmentation de la transmission croisée des organismes multirésistants. Aucun lien d'intérêt