Covid, travail et addictions

La pandémie de Covid-19 a bouleversé le fonctionnement de notre société : distanciation sociale, confinements, réorganisation du travail, instabilité économique… Dans ce contexte anxiogène, il a été constaté une hausse de la consommation des substances psychoactives (SPA) au sein de certains sous-groupes de la population générale : personnes déjà prises en charge pour leurs addictions, personnes ayant perdu leur emploi ou en difficultés financières, étudiants… A contrario, et notamment lors du premier confinement, des baisses de consommation de SPA ont été constatées chez les personnes dont les usages se faisaient majoritairement au cours de rencontres entre amis, de repas au restaurant… Aussi, il est apparu nécessaire d’évaluer les pratiques addictives des travailleurs au cours de cette crise sanitaire et d’identifier des facteurs liés au travail influant les usages de SPA. A cet effet, deux enquêtes ont interrogé les salariés et les services de santé au travail. Une première enquête a été menée par la Mildeca, l’INRS, l’ANACT, l’ANSES, Santé publique France, l’OFDT et le COCT en octobre 2020. Elle a permis d’interroger 4000 salariés et agents publics sur la période du 1(er) confinement et des 4 mois qui ont suivi. Plusieurs aspects ont été abordés dont la charge de travail, les horaires, le télétravail ou le travail sur site, le chômage partiel, l’isolement, l’état de santé et l’évolution des consommations de SPA (alcool, nicotine, cannabis, médicaments psychotropes). Parmi les résultats, il est à noter que 31 % des travailleurs ont rapporté un sentiment d’isolement par rapport aux autres collègues, ce qui est significativement associé à un usage plus important de l’ensemble des SPA (p ≥ 0,05). Deux autres facteurs de hausse de consommation ont été cités : les évolutions des conditions d’emploi et de travail (29 %) et la charge de travail (26 %). Cette enquête montre la nécessité d’adapter la prévention des pratiques addictives en période de crise sanitaire et notamment de confinement. Le dialogue social, un contact régulier entre les travailleurs et l’organisation du travail font partie des points de vigilance. Une seconde enquête sera lancée par l’INRS auprès des services de santé au travail en novembre 2021 pour connaître l’évolution des actions des services de santé au travail en matière de prévention des addictions depuis 10 ans. Les résultats seront présentés lors de la communication orale. L’enquête rapportera les observations des services de santé au travail sur les évolutions des usages de SPA par les travailleurs, les actions de prévention et notamment leur(s) adaptation(s) dans le contexte de pandémie.