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COVID-19 bain révélateur de la dégradation des conditions de travail

Le contexte épidémique ordonne l’insertion de la distance et de l’incertitude dans l’environnement de travail. Il accélère le virage technologique qui digitalise les relations et agit comme un véritable révélateur des fragilités qui menacent la coopération au sein des collectifs. La distanciation so...

Descripción completa

Detalles Bibliográficos
Autores principales: Duguet, Muriel, Descazaux, Thomas
Formato: Online Artículo Texto
Lenguaje:English
Publicado: Published by Elsevier Masson SAS 2022
Materias:
Acceso en línea:https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9417377/
http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2022.07.094
Descripción
Sumario:Le contexte épidémique ordonne l’insertion de la distance et de l’incertitude dans l’environnement de travail. Il accélère le virage technologique qui digitalise les relations et agit comme un véritable révélateur des fragilités qui menacent la coopération au sein des collectifs. La distanciation sociale, les gestes barrières dans les organisations du travail in situ, le déploiement massif du télétravail délitent les collectifs, stigmatisent les professionnels rendus invisibles par la dé-spatialisation du travail. Le visible n’est plus que le résultat du travail objectivé, chiffré. Les cellules de crise fleurissent, prescrivent les organisations du travail, des métiers apparaissent, se transforment, contraints par le paradigme numérique. Les nombreuses injonctions réglementaires rigidifient les organisations, se substituent aux espaces de régulation, exacerbent les inégalités sociales au sein des équipes, amplifient les conflits latents. Alors que les métiers du soin occupent l’espace médiatique, social, la centralité du travail se perd et les relations entre les professionnels se durcissent au point parfois de se rompre. Les saisines de cellules harcèlement et commission violence ne cessent d’augmenter, mettant à jour « l’impérieuse nécessité » du recrutement de médiateurs professionnels. Le vécu du travail ne semble plus trouver d’espace pour son expression, étouffé par la conformité à l’obligation légale. Le rythme effréné de l’information a dépassé notre capacité à la traiter : publications, actualisations itératives, recommandations de bonne pratique, consignes et protocoles sanitaires incarnent un trouble profond de la communication à l’ère numérique. Malgré la volonté d’incarner sécurité et contrôle, l’impensé de la préparation à cette situation de crise sanitaire aboutit à une perte massive de repères pour les organisations, les collectifs et les individus ; source de violents conflits éthiques. Pourtant, certains retours d’expériences témoignent de l’ingéniosité et de l’incroyable adaptation permanente de certaines organisations à ce contexte générateur de tensions récurrentes. La capacité à innover de ces professionnels mettant leurs talents au service de la transformation crée de nouvelles manières d’interagir, de manager, de garder du lien, de vivre le travail. Comment soutenir le pouvoir d’agir des coopérations quand le désir de penser son travail, de questionner collectivement les organisations se voit écrasé par les injonctions sanitaires successives et paradoxales ? Que devient le travail et sa fonction identitaire quand ceux qui le composent, le construisent, le façonnent ne se côtoient plus ? Comment préserver la santé au travail quand la prévention elle-même semble devoir se transformer ?