Immunoglobulines et Covid-19 : j’en ai ma dose !

CONTEXTE: Parmi les impacts de la pandémie de Covid-19, on peut citer la diminution drastique des dons du sang au niveau mondial. Cette diminution de dons du sang a eu des répercussions sur la production des médicaments dérivés du sang. C’est notamment le cas des immunoglobulines (Ig) polyvalentes qui se sont retrouvées en forte tension d’approvisionnement. OBJECTIFS: Réaliser une analyse rétrospective des prescriptions d’Ig au sein du CHU de Rouen en période de tension d’approvisionnement et des actions mises en place pour palier au défaut d’approvisionnement. PATIENTS ET MÉTHODES: Cette analyse rétrospective couvre les prescriptions d’Ig polyvalentes intraveineuses réalisées sur une période de six mois de janvier à juin 2021. Toutes ces prescriptions ont été tracées dans un tableau qui comportait comme information la spécialité et la dose souhaitée, la spécialité et la dose dispensée (switch nécessaire ou non vers une autre Ig) ainsi que le caractère ponctuel ou chronique de la cure. RÉSULTATS: Au CHU de Rouen, 3 spécialités d’Ig polyvalentes sont référencées : CLAIRYG®, PRIVIGEN® et TEGELINE®. En anticipation de la pénurie, plusieurs mesures ont été prises : une note d’information a été envoyée aux services pour les avertir des fortes tensions d’approvisionnement en Ig ; une commande exceptionnelle de 10 kg de GAMUNEX® a également été passée et un suivi quotidien des stocks était réalisé par la pharmacie. Sur cette période de 6 mois, il y a eu 522 prescriptions d’Ig polyvalentes pour des patients hospitalisés. Sur 522 prescriptions, 61 ont eu une modification de dose entre la dose prescrite et la dose dispensée : en moyenne, la dose dispensée était inférieure de 5 g à la dose prescrite. Ces modifications de dose étaient toujours faites en accord avec un prescripteur (interne ou sénior) du service concerné. Sur ce même effectif de 522 prescriptions, 60 ont bénéficié d’un switch pour une autre Ig polyvalente. Contrairement aux réductions de dose, il avait été convenu que les switch devaient obligatoirement être validés par un sénior du service. Les cures considérées comme ponctuelles représentaient 103 prescriptions sur les 522 et les switch d’Ig représentaient 35,0 % de ces prescriptions (soit 36 prescriptions sur 103). Pour les cures dites chroniques (n = 419), seules 5,7 % (n = 24) d’entre elles ont nécessité un switch. DISCUSSION/CONCLUSION: Cette analyse rétrospective a mis en évidence une diminution moyenne des doses de 5 g par cure. On observe également que le pourcentage de switch était plus important pour les cures ponctuelles que pour les cures chroniques, dans le but d’éviter aux patients ayant des cures chroniques d’avoir plusieurs switch. Cette analyse a été réalisée en début de pénurie en Ig. D’autres enjeux tels que la priorisation des indications ou le renforcement de l’optimisation des cures (diminution de doses et/ou augmentation de l’espacement des cures) seront intéressants à évaluer dans les prochains mois.