Pandémie COVID-19 : impact des soins pharmaceutiques dans la prise en charge des patients atteints de COVID-19 en période de crise sanitaire

CONTEXTE: Lors de la première vague de la pandémie de COVID-19, de nombreuses stratégies thérapeutiques ont été explorées, exposant les patients à un risque iatrogène médicamenteux important. Notre hôpital a rapidement décidé de renforcer ou mettre en place des activités de soins pharmaceutiques (SP) dédiés aux patients atteints de COVID-19 pour répondre aux besoins des équipes soignantes et garantir une prise en charge sécurisée. OBJECTIFS: Évaluer la pertinence des activités de SP lors de la prise en charge médicamenteuse des patients hospitalisés atteints de COVID-19 en période de crise sanitaire. PATIENTS ET MÉTHODES: Une analyse observationnelle rétrospective a été menée lors de la première vague (du 17 mars au 31 avril 2020), dans toutes les unités de soins recevant des patients atteints de COVID-19. Les activités de SP étaient réalisées au sein des unités de soins par des pharmaciens, internes et étudiants en pharmacie. Elles comprenaient la conciliation des traitements médicamenteux à l’admission et à la sortie, l’analyse pluriprofessionnelle des prescriptions, l’information sur le bon usage des produits de santé auprès des soignants et des patients, une veille documentaire systématique. La pertinence des activités de SP a été évaluée à partir des interventions pharmaceutiques (IP), selon l’échelle CLEO© de la Société française de pharmacie clinique. RÉSULTATS: Au total, 749 IP ont été réalisées dans les 13 unités de soins concernées (dont 2 unités ayant des activités de SP avant la pandémie). Le taux d’acceptation des IP était de 80,6 % (n = 604). Parmi les IP acceptées, 17,2 % (n = 249) des IP étaient liées à des médicaments définis comme spécifiques de la COVID-19 selon les recommandations en vigueur lors de l’étude (hydroxychloroquine, lopinavir/ritonavir, remdesivir, énoxaparine, tinzaparine, héparine calcique, dexaméthasone, méthylprednisolone, prednisolone, oxygène). L’impact clinique des IP était plus important pour les médicaments spécifiques de la COVID-19 que pour les autres (IP ayant un impact majeur ou vital : 27,9 % vs 9,6 %, p < 0,0001). L’impact clinique des IP était plus important dans les unités de soins n’ayant pas de SP avant la pandémie que dans les autres (IP ayant un impact majeur ou vital : 23,0 % vs 9,3 %, p < 0,0001). En considérant l’ensemble des IP réalisées, les impacts économique et organisationnel étaient majoritairement positifs ou nuls (respectivement 64,8 % et 73,2 %). DISCUSSION/CONCLUSION: Dans une crise sanitaire mondiale impliquant un virus émergent et des stratégies thérapeutiques encore incertaines, les SP ont permis d’améliorer la prise en charge thérapeutique des patients, tant au niveau des stratégies spécifiques que de la prise en charge globale. De manière significative, la mise en œuvre rapide de ces activités en période de crise n’a pas affecté sa pertinence, alors qu’elle nécessite habituellement plusieurs mois.