Gestion de la pénurie des immunoglobulines polyvalentes humaines pendant la crise sanitaire liée au coronavirus

CONTEXTE: Les immunoglobulines polyvalentes humaines (IgPH) sont indiquées dans les déficits immunitaires et les maladies dysimmunitaires. L’augmentation permanente de la consommation des IgPH et la diminution des dons de plasma entraînent des tensions d’approvisionnement récurrentes et imprévisibles. Cela constitue un élément de préoccupation pour les professionnels de santé. OBJECTIFS: Mettre en place et évaluer les mesures pour maîtriser les prescriptions des IgPH. PATIENTS ET MÉTHODES: Le traitement de chaque patient a été réévalué au cours d’une rencontre médecin–pharmacien en tenant compte du référentiel de hiérarchisation de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé version avril 2019. Les prescriptions ont été systématiquement validées par un pharmacien senior. Une étude observationnelle rétrospective a été réalisée pour mesurer l’impact de cette réévaluation sur les consommations d’IgPH de septembre 2020 à mai 2021. Les données recueillies à partir du dossier patient informatisé sont l’indication, la spécialité, la posologie et la modification éventuelle du traitement. En parallèle, les données de consommation ont été recueillies à partir de l’outil de gestion économique et financière et du logiciel de traçabilité des médicaments dérivés du plasma. Une comparaison des consommations globales des IgPH entre les périodes hivernales 2019–2020 et 2020–2021 a été réalisée. RÉSULTATS: L’étude a inclus 261 patients. Parmi les indications, 84,3 % étaient dans le cadre de l’autorisation de mise sur le marché (AMM), 13,4 % hors AMM mais conformes au référentiel et 2,3 % étaient hors référentiel. Sur l’ensemble des patients, 33 % (n = 85) ont eu une modification de leur traitement : 29 % d’arrêt ou pause thérapeutique (n = 25), 26 % de diminution de posologie (n = 22), 25 % de changement de spécialité (n = 21), 6 % de changement de voie d’administration (n = 5), 5% d’espacement de cure (n = 4), 5 % de report d’initiation du traitement (n = 4). Entre les deux périodes hivernales, une diminution de 9,5 % des consommations a été observée. DISCUSSION/CONCLUSION: La concertation médecin-pharmacien a permis de rationaliser les prescriptions et de diminuer sensiblement les consommations des IgPH entre les deux périodes hivernales. Cette diminution est vraisemblablement le reflet de l’efficacité des mesures mises en place. Ces mesures prises en concertation avec les prescripteurs ont permis de maîtriser les consommations des IgPH et donc d’assurer une gestion optimale durant cette pénurie. La tension d’approvisionnement reste très préoccupante et imprévisible et nécessite une vigilance constante en relation avec les médecins. Le respect du référentiel est essentiel pour permettre de réserver les traitements aux indications prioritaires sans alternative thérapeutique.