Première évaluation médicale du post-COVID-19 à Madagascar

INTRODUCTION: Après la phase aiguë du COVID-19, on observe certains symptômes persistants qui sont regroupés sous le nom d’infection post-COVID-19 ou syndrome post-COVID-19. C’est une pathologie nouvelle qui a encore des zones d’ombre. À Madagascar, il n’y a pas de données concernant cette pathologie. Ainsi notre étude consiste à évaluer les désordres qui peuvent atteindre différents organes, en particulier, la fonction respiratoire du patient suite à l’infection due au SARS-CoV-2. MÉTHODES: Nous avons mené une étude cohorte prospective de 6 mois allant du 6 octobre 2021 au 6 février 2022 au sein des hôpitaux (CHU Antananarivo, Toamasina, Fianarantsoa). Les données sont recueillies par l’intermédiaire de 3 consultations (C1 C2 C3) comprenant une évaluation spirométrique (1) et la mesure de la saturation en oxygène pendant le test de levée de chaise (TLC). RÉSULTATS: Quatre-vingt-seize patients [hommes : 43 (44,79 %), femmes : 53 (55,21 %)] ont été recrutés lors de la première consultation. La moyenne d’âge est de 57 ans (extrêmes 22–92). Il y a une légère prédominance féminine ; SR = 0,8. Trente-quatre patients ont été examinés pendant les deux dernières consultations. La comorbidité la plus fréquente pour l’ensemble de l’étude est l’hypertension artérielle (42 %) suivie du surpoids ou d’obésité (34 %) ; le diabète occupe la 3(e) place (12 %). La clinique est dominée par le syndrome de fatigue chronique (à C1 : 59 %, à C2 : 68 %, à C3 : 50 %) qui persiste tout au long des trois consultations mais qui régresse avec le temps. Au cours de l’évaluation, les symptômes(S) neurologiques sont aussi fréquents [trouble de la mémoire (35 %), insomnie (25 %)] ; tremblement (27 %), agueusie (10 %), anosmie (4 %), que les S respiratoires [toux (35 %), essoufflement (17 %), douleur thoracique (18 %)]. Les résultats spirométriques montrent l’existence de troubles ventilatoires [syndrome obstructif (8 %), syndrome restrictif (14,7 %)]. L’évaluation des patients sur le TLC montre une baisse de performance et une désaturation après l’effort (11 %) qui s’améliore avec le temps surtout après la rééducation fonctionnelle respiratoire. La majorité des patients en post-COVID peuvent reprendre les activités de la vie courante (62 %) malgré une baisse du rendement professionnel : chômage : (44 %), travail à temps partiel (45 %). Limites de notre étude : près de 2/3 des patients sont perdus de vue après la 1(re) consultation empêchant une bonne analyse statistique. CONCLUSIONS: À moyen terme, après la phase aiguë du COVID-19, des manifestations cliniques persistent touchant fréquemment la fonction respiratoire. Un impact socioéconomique non négligeable s’observe chez certains patients. Soulignant la nécessité d’une prise en charge régulière et d’un suivi à long terme chez tous les patients atteints du COVID-19, cette nouvelle maladie surnommée « l’ennemi de l’humanité ».